Nous allons considérer que la catastrophe est du niveau de Tchernobyl ou Fukushima, entraînant la création d’une zone d’exclusion d’une trentaine de kilomètres. Il s’agit d’une valeur tout à fait théorique, bien supérieure à celle qu’envisagent les autorités en cas de catastrophe (10 kilomètres au plus), mais qui permet d’avoir le même ordre de grandeur que pour les catastrophes précédentes.
Conséquences sur l’environnement
De façon générale, les estuaires sont des écosystèmes très riches. Après la catastrophe, la biodiversité va très certainement diminuer, et les génotypes sélectionnés seront ceux plus adaptés à la radioactivité. En se basant sur les observations réalisées à Tchernobyl, les populations les plus menacées sont les populations d’oiseaux et les conifères [2]. Or, beaucoup d’oiseaux se trouvent dans l’estuaire, et la forêt des Landes commence à quelques dizaines de kilomètres de la centrale.
De plus, la centrale se trouvant dans un marais, les eaux seront très contaminées, ce qui accentuera d’autant plus le phénomène de contamination de l’estuaire.
A plus long terme, les questions de la propagation de la radioactivité risquent aussi de devenir problématiques. En effet, les feux de forêt sont assez fréquents, propageant les cendres radioactives à plusieurs dizaines de kilomètres aux alentours, y compris sur Bordeaux. De plus, l’estuaire de la Gironde est très prisé des animaux migrateurs.
Conséquences sur l’économie
L’activité qui sera bien évidemment la plus impactée par la catastrophe sera l’activité viticole. En effet, une très grande partie du vignoble bordelais se situe assez près de la centrale, y compris des propriétés parmi les plus prestigieuses du Bordelais. Pour le vignoble qui sera encore accessible après la catastrophe, l’activité sera beaucoup moins rentable, sans doute plus assez. En effet, la viticulture est une activité qui, particulièrement dans le bordelais, repose sur une image de marque. Si on se base sur l’exemple de Fukushima, préfecture dans laquelle la pêche était très importante, après la catastrophe, les poissons en provenance de Fukushima ne se sont plus du tout vendu, en dépit des taux de radioactivité pourtant faibles.
Le tourisme souffrira aussi beaucoup de la catastrophe. Le littoral est une région très prisée des vacanciers, mais là aussi, le tourisme repose sur une image de marque.
La filière bois, si on se base sur l’exemple de Fukushima, sera elle aussi affectée du fait des inquiétudes des consommateurs, mais dans de moindres proportions. Le problème de la mort des pins du fait de la contamination sera à prendre en compte, mais quand même assez limité du fait de l’éloignement des forêts de la centrale.
Enfin, la filière industrielle, beaucoup moins sensible à ce genre de risques, pâtira du départ de certains de ses employés, mais ce départ ne peut être que temporaire en fonction des politiques du gouvernement.
Conséquences sur les populations
Bien évidemment, la conséquence évidente est que les populations les plus proches de la centrale seront évacuées, avec des possibilités de retour à court terme impossible. Des plans d’évacuation et de relogement sont prévus pour une zone de 10 kilomètres autour de la centrale. Des exercices d’évacuation ont même déjà été organisés.
Toutefois, rien n’a été prévu au-delà de la zone des 10 kilomètres, en particulier si jamais la ville de Bordeaux est contaminée (45 kilomètres), situation peu probable, mais qui serait dure à gérer, étant donné qu’il faudrait gérer en urgence l’évacuation de 800 000 personnes paniquées.
Maintenant que nous avons vu les conséquences de cette catastrophe si elle se produisait, nous allons nous intéresser aux possibilités de résilience ou, plus exactement, de résiliences.
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[2] « Conséquences écologiques des accidents nucléaires de Kyshtym et de Tchernobyl (URSS) », C. Myttenaere, Radioprotection 1992