L’information peut jouer un rôle vital, et par là s’avérer essentielle dans le processus de résilience. En effet, lors d’une catastrophe, quelles que soient les caractéristiques propres des individus, ceux-ci ont besoin d’un certain nombre d’informations pour survivre : où trouver de la nourriture, des soins, des abris, etc. Que ces besoins de première nécessité soient satisfaits est une première étape dans le processus de résilience : il s’agit d’abord de réagir à la catastrophe, pour ensuite pouvoir se reconstruire.
Les associations d’aide humanitaire lors des catastrophes ont pris acte de cette nécessité d’informer les populations. Ainsi, lors du séisme à Haïti en 2010, une partie de l’aide humanitaire internationale (à côté d’un soutien matériel et financier) s’est matérialisée par l’intervention de l’ONG Internews qui a mis en place et diffusé un programme radio intitulé Information You Need to Know, entre le 21 Janvier 2010 et le 18 Mai 2012 (1). Cette émission quotidienne de vingt minutes diffusait des informations pour permettre aux individus de contacter leurs proches disparus, de s’approvisionner en nourriture et en eau, d’obtenir des soins médicaux et même de remplacer leurs papiers d’identité perdus. Des conseils pour l’hygiène et la santé étaient également donnés. L’impact de cette émission a été considérable : des chercheurs ont estimé que 65% des Haïtiens interrogés connaissaient le programme quelques mois après son lancement. D’après Sinclair Cornell, conseiller principal en communication au Bureau des Initiatives de Transition pour l’Agence des Etats-Unis pour le Développement International (USAID), le programme « était l’un des premiers pas de USAID pour redonner le pouvoir aux populations démunies ». Cette volonté de rendre le pouvoir aux populations est représentative de l’évolution contemporaine du concept de résilience. En effet, la résilience est de plus en plus perçue comme un processus à niveau local et individuel, dans une volonté de rendre les individus résilients, et non plus comme un processus collectif.
Ce caractère vital de l’information se traduit matériellement par la nécessité de rétablir les réseaux de communication lors des catastrophes, qui permettent à l’information de circuler. Cela peut consister à réparer les réseaux endommagés ou installer des réseaux temporaires. Il existe un réseau international, le Emergency Telecommunications Cluster (ETC), qui permet de regrouper de multiples acteurs internationaux (ONG humanitaires, entreprises privées, gouvernements, etc.) afin de mettre en place des moyens de communication lors des urgences humanitaires. Cette organisation travaille à installer (dans les 24h suivant l’urgence) des systèmes d’appareils radio émetteur-récepteur VHF (Very High Frequency) et HF (High Frequency), ainsi que des accès à internet et au téléphone (grâce à des terminaux satellites mobiles). Ainsi, ETC est intervenu au Népal en avril 2015 après le séisme de Ghorka, pour assurer que des réseaux de communication restent opérationnels. Une fois les réseaux locaux restaurés, l’organisation peut se retirer. Pendant l’intervention humanitaire, plus de 1550 personnes œuvrant à l’aide internationale ont déclaré se servir des réseaux mis en place par ETC. On constate que dans l’urgence, des réseaux de communications alternatifs sont mis en place. Les radioamateurs sont un autre exemple de réseau alternatif. Ils sont particulièrement intéressants dans la mesure où ces systèmes ne dépendent pas d’infrastructure autres que l’équipement directement contrôlé par l’opérateur, et sont beaucoup moins fragiles que les systèmes de télécommunications très sophistiqués. Ils ont donc une plus forte probabilité d’être opérationnels en cas de catastrophe. Cela a notamment été constaté au Népal (2).
(1) « When Information Is a Lifeline : the Role of Local Media in Humanitarian Crises », John Boit, Frontlines Online Edition, January/February 2013 https://www.usaid.gov/news-information/frontlines/risk-resilience-and-media/when-information-lifeline-role-local-media
(2) Nepal Earthquake, 12 November 2015 https://www.etcluster.org/emergencies/nepal-earthquake