Cette conférence fait partie du Cycle de conférences "Biodiversité"
14 novembre 18h-20h, salle Dussane, 45 rue d’Ulm :
Gilles Boeuf
Laboratoire Arago, Unité « Biologie intégrative des organismes marins », Université Pierre et Marie Curie-Paris / CNRS, Banyuls-sur-Mer, et
Président du Muséum National d’Histoire Naturelle
Membre du Conseil Scientifique du Patrimoine Naturel et de la Biodiversité auprès du Ministère de l’Ecologie
Le terme biodiversité (contraction de diversité biologique) a été créé au milieu des années 80 mais n’a échappé au sérail des biologistes écologues qu’après le « Sommet de la Terre » à la Conférence de Rio en juin 1992. Il est alors parti à la conquête des Sciences humaines et sociales, des médias, des politiques et du grand public. Il regroupe des sens très différents selon les publics et usagers et il est souvent confondu avec diversité spécifique, c’est-à-dire l’ensemble des espèces vivantes qui peuplent les différents milieux. En fait, la biodiversité est bien plus que cela, c’est la fraction vivante de la Nature.
La Vie s’est développée dans l’océan ancestral il y a quelques 3,9 milliards d’années et a été capable d’élaborer depuis, largement plus d’un milliard d’espèces vivantes, apparues puis disparues. Nous connaissons aujourd’hui 1,9 millions d’espèces décrites et nous nous accordons pour estimer la diversité spécifique actuelle à plus de 8 millions d’espèces (au moins, avec une fourchette de 8 à 20). Cette biodiversité est très menacée aujourd’hui pour quatre grandes raisons qui sont la destruction et la contamination des milieux naturels, la prédation en excès et la surexploitation des ressources naturelles, les introductions anarchiques d’espèces de milieux à d’autres et le réchauffement climatique, dans lequel l’humain a bien sa part. L’humain a très rapidement (après la conquête du feu) été de plus en plus impactant sur les milieux naturels et les a transformés. Nous ne faisons en fait aujourd’hui que prolonger et accélérer ce mouvement, amplifié par la démographie humaine et l’idée délétère « d’asservissement » de la Nature, depuis le néolithique et la révolution industrielle. En trois-quatre siècles, l’humanité aura épuisé la totalité des ressources combustibles fossiles accumulées durant des centaines de millions d’années et aujourd’hui les espèces vivantes disparaissent de la planète à un rythme 100 à 300 fois plus rapide que le taux naturel d’extinction attendu ! Les Nations Unies avaient fixé l’année 2010 pour l’arrêt de cette érosion et nous avons échoué : alors, pourquoi réussirions-nous mieux sur 2010-2020 ? Projet réaliste ou rêve insensé ?