Atelier de lecture
Futurs écologiques, sociologie de l’extinction
Mardi 12h30-14h30
Organisateur : Gaëlle Ronsin (CERES), Sébastien Roux (IRIS)
Salle : Cours des humanités 93300 Aubervilliers Salle 2.11 - Humathèque
L’atelier propose une introduction aux approches critiques de la crise écologique à travers l’étude des rapports au(x) futur(s). Dans un temps marqué par des inquiétudes radicales quant à l’après, voire caractérisé par une nouvelle condition environnementale où les vies humaines et non-humaines seraient menacées, nous souhaitons questionner sociologiquement ce que siginifie « vivre dans un monde qui meurt ». Comment et pourquoi se projette-on dans des temporalités dégradées ? Comment de nouvelles inquiétudes existentielles se formulent-elles ? Quels sont leurs effets sociaux, politiques et moraux ? Et comment la crise écologique bouleverse-t-elle les fondements mêmes de notre rapport à soi, aux autres et au monde ?
Pour la première année du séminaire, nous souhaitons nous concentrer plus particulièrement sur la notion d’extinction(s), et interroger sa potentialité heuristique. En mettant à l’épreuve le concept, nous chercherons à penser, à partir de la catastrophe écologique, les effets méthodologiques et épistémiques d’une appréhension de la destruction systémique. En articulant synthèses et lectures croisées de textes ancrés dans le champ émergent des extinctions studies, nous procéderons d’abord à la cartographie d’un espace scientifique dynamique et foisonnant, mais parfois nébuleux. Nous interrogerons ensuite sa portée critique en croisant approches théoriques et études empiriques. Surtout, nous chercherons à penser le rôle et l’apport singulier des sciences sociales pour appréhender le moment. Ancrer notre compréhension de “l’extinction” dans les contextes et les expériences vécues invite à interroger les hiérarchies et les inégalités face à la perte et à la disparition, avec une attention particulière portée à la classe, au genre, à la race et à la colonialité. Ainsi, en questionnant les « futurs écologiques », nous proposerons une lecture de l’extinction qui articule l’appréhension d’une condition partagée à la critique des privilèges et des inégalités, pour penser la radicalité de la crise sans oblitérer les positions et les expériences de celles et ceux qui la produisent et qui la vivent.
Séance 1 Mardi 15 octobre 2024 - Introduction : l’extinction, une question sociologique
Séance 2 Mardi 5 novembre 2024 - L’apport empirique
Lecture :Elliott R. 2018 “The Sociology of Climate Change as a Sociology of Loss.” European Journal of Sociology, 59(3), 301-337.
Séance 3 Mardi 19 novembre 2024 - Dystopies et utopies climatiques.
Lecture :Chamel J. “Faire le deuil d’un monde qui meurt. Quand la collapsologie rencontre l’écospiritualité”, Terrain, n° 71, 2019.
Séance 4 Mardi 3 décembre 2024 Projections, scenarii, trajectoires.
Lecture : Céline Granjou, Jeremy Walker, Juan Francisco Salazar,"The politics of anticipation : On knowing and governing environmental futures", Futures, Volume 92, 2017.
Séance 5 Mardi 17 décembre 2024 De l’apocalypse révolutionnaire à l’apocalypse environnementale, 18e-20e.
Lecture : Chakrabarty, D. (2009). The climate of history : Four theses. Critical inquiry, 35(2), 197-222. & Agursky Mikhail, Monat Françoise. L’aspect millénariste de la révolution bolchevique. In : Cahiers du monde russe et soviétique, vol. 29, n°3-4, Juillet-Décembre 1988. Le christianisme russe entre millénarisme d’hier et soif spirituelle d’aujourd’hui. pp. 487-513 ;
Séance 6 Mardi 7 janvier 2025 De/extinction animale, politiques de la rareté
Lecture : Ronsin, G., & Sanguinet, F. (2022). Un effondrement durable des morues au Canada. Revue d’anthropologie des connaissances, 16(2).
Séance 7 Mardi 21 janvier 2025 Anticipations politiques, réactions éthiques
Lecture :Roux S., & Lévêque, C. (2024). “Resisting the future : Preparedness, degradation, and ‘inquietude’ among survivalists in contemporary France”, Ethnography, OnLine first.
Séance 8 Mardi 4 février 2025 Dernière séance - Présentation des travaux d’étudiant·e·s et discussion collective