Résumé des communications

Résumés classés par ordre alphabétique d’auteurs 

 

Charlotte Da Cunha

Le Golfe du Morbihan, territoire naturel anthropisé, doit-il être réensauvagé ? Enjeux et perspectives pour une diversité sociale et écologique.

L’activité touristique est un point de réflexion central du Golfe du Morbihan, qui influence tant sa diversité sociale qu’écologique. Ce territoire vu comme naturel, image de marque du Golfe, est néanmoins extrêmement anthropisé. Le tourisme influence aussi la diversité sociale, l’augmentation du prix du foncier ayant conduit les moins aisés à s’installer à l’intérieur des terres, laissant le pourtour du Golfe se couvrir de résidences secondaires à la population aisée et vieillissante.

Ce territoire côtier se confronte aux effets du changement climatique et doit indéniablement s’adapter. Nous expérimentons actuellement un processus artistique et scientifique afin d’aider les municipalités de la Presqu’Île de Rhuys à mieux réfléchir leur avenir par le biais d’ateliers de scénarisation créatifs et co-construits. Les visions portées par les acteurs montrent une synergie entre diversité sociale et écologique, cherchant à mieux maîtriser le développement touristique, permettant ainsi une densification des zones centrales au profit d’un re-ensauvagement d’une bande littorale élargie redevenant bien commun. Cette volonté va de paire avec une autonomisation du territoire sur différents aspects (alimentaire, énergétique, transport, etc.)

Romain Julliard

Les sciences participatives : un outil pour la transition (écologique)

Alors que nous sommes à la croisée de trois crises entremêlées, celle de la société de l’information, celle de la démocratie, et celle dite écologique et autant d’injonction à entrer en transition, alors que big data et intelligence artificielle semble être le paradigme dominant pour répondre à ces défis, en complément, voire peut-être dans une forme de résistance, nous souhaitons adresser celui de l’intelligence collective à travers l’outil des sciences participatives dans la forme originale qu’expérimente le Muséum depuis 20 ans et que nous qualifions de co-production de données à forte valeur ajoutée. 

Anaïs Lefranc-Morin

Diversité sociale et écologique : une approche par les territoires

Depuis mai 2017, le gouvernement français comprend pour la première fois un ministère de la Cohésion des territoires, auquel est rattaché le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET). Cette dénomination témoigne d’une nouvelle approche territoriale, qui met l’accent sur la diversité des territoires qui composent la France. Il s’agit désormais de prendre en compte les singularités de chaque territoire, en termes de population, de culture, de dynamique économique ou d’environnement, pour aider chacun à déployer des politiques adaptées à sa donne locale, tout en évitant les situations de décrochage à l’échelle nationale. La diversité sociale comme la diversité écologique sont alors appréhendées comme des composantes de la diversité des territoires. La présente intervention, après un rapide retour sur ce contexte, donnera à voir les résultats d’une étude menée par le CGET sur la manière dont les villes moyennes françaises s’engagent dans la transition écologique, avec un focus sur la place donnée à la diversité écologique et sociale dans les politiques publiques menées.

François Léger

 

Nouvelles cultures paysannes et diversité biologique.
 
Le modèle traditionnel paysan, qui prévalait dans les campagnes françaises jusqu’aux années 1960, s’appuyait sur une relation intime, à la fois inquiète et confiante, avec la nature. En réduisant cette relation à une vision strictement utilitariste, la modernisation industrielle a modelé les campagnes pour en faire des espaces productifs, homogènes, appauvris. Cette vision utilitariste a tout autant modelé la culture des paysans devenus agriculteurs, voire entrepreneurs agricoles. Progressivement, les savoirs traditionnels sur la nature ont été démonétisés et oubliés, alors même que la conscience écologique gagnait des fractions croissantes de la société, y compris et surtout peut-être chez les urbains. La revendication d’une transition écologique des systèmes agricoles et alimentaires s’est ainsi développée en grand partie hors du monde agricole. Elle s’y répand toutefois, trop lentement peut-être, sous l’influence de deux facteurs principaux : d’une part l’irruption de nouveaux agriculteurs, sans origine agricole ou même rurale directe, qui reconstruisent un "idéal paysan" où le lien intime à la nature est essentiel ; d’autre part une forme d’acculturation des "anciens paysans" et de leurs héritiers, qui partagent de plus en plus des valeurs urbaines, relatives au travail et aux loisirs, mais aussi à des aspirations à une reconnexion au vivant dans sa diversité.

 

Je propose d’explorer la façon dont ces deux tendances se nourrissent pour dessiner de nouvelles cultures paysannes ancrées dans leur territoire, où la qualité de l’alimentation prime sur les volumes de production, où la question du respect et de la préservation de la biodiversité est centrale.

 

Elisabeth Heyler et Elsa Cortesse

Des critères écologiques, techniques, sensibles et d’usage pour la localisation coopérative des îlots de fraîcheur urbaine de la ville de Vitry-sur-Seine

C’est une étude d’orientations pré-opérationnelles pour l’installation d’îlots de fraîcheur urbaine à Vitry-sur-seine. Ses objectifs sont multiples : Créer des « oasis » de bien-être pour les habitants en période de forte chaleur, des espaces relais pour la biodiversité urbaine en lien avec le maillage de la trame verte et bleue, participer à la lutte contre les îlots de chaleur urbains. Notre approche est à la fois technique et sensible, scientifique et sociologique. A ce stade nous identifions les lieux propices à la création de ces îlots, qui soient compatibles à la fois avec le quotidien des habitants, le fonctionnement urbain, l’accueil de la biodiversité et de l’eau de ruissellement. J’accompagne la ville de Vitry sur Seine (mission d’études, de conseil et d’assistance à Maîtrise d’ouvrage) en expérimentant une forme d’urbanisme collaboratif : en parallèle de notre expertise, j’anime des ateliers de co-production transversaux qui rassemblent à chaque fois différents services de la ville et du territoire du Grand Orly Seine Bièvre (T12) : espaces publics, assainissement, espaces verts, environnement, foncier, sûreté et sécurité publique. 

Thierry Paquot

La diversité comme condition d’existence de la ville

Plus un territoire est divers, mieux c’est, tant pour les humains que pour le milieu vivant. Pour le comprendre, on mentionnera Humboldt, mais aussi Marsh et Haeckel, avant d’en arriver à la ville qui va si mal. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit de l’heureuse. Combinaison de trois qualités, urbanité, diversité et altérité que celles-ci sont en voie d’effacement programmé et que si l’une vient à manquer c’est tout l’esprit de la ville qui disparaît ! De quelle diversité s’agit-il ? Générationnelle, culturelle, sexuelle ! Plus le divers se manifeste plus chacun s’en trouve régénéré ! Alimentaire, langagière, vestimentaire la diversité résonne comme un hymne qui enchante le citadin toute comme l’arbre ! Les activités économiques tout comme celles de loisirs sont indispensables, or, le "gated community" pointe son nez avec son "entre soi", sa ségrégation socio-spatiale, sa peur de l’Autre, elle est un enfermement et un appauvrissement tout comme le gratte-ciel, cette impasse en hauteur. L’hétérogène, l’hétéroclite, l’hybride, le créole sont à la vie sociale ce que les couleurs sont à la palette du peintre ou les notes pour le musicien. La Terre - notre monde - s’assèche avec l’homogénéisation des modes de vie, des paysages, des territoires, mais aussi de la langue et des technologies relationnelles qui visent à la simplification du pareil, cet ennemi à tout ailleurs...

Richard Raymond et Marilou Demongeot

Retrouver des singularités locales pour faire face aux enjeux globaux
 
Afin de pallier aux limites des aires protégées, la conservation de la part ordinaire de la biodiversité contenue dans les territoires habités est une des stratégies mise en avant pour tenter de maintenir la diversité biologique. Dans un monde urbain, de nombreux programmes et dispositifs visent alors à développer « la nature en ville ». Cette part de nature apporterait à la fois des bienfaits pour les urbains et des éléments nécessaires au fonctionnement écologique de ces milieux. Elle renforcerait les liens entre les humains et la part vivante de leur environnement.
L’analyse de la participation des habitants à l’implantation et à l’entretien de jardinières ou de jardinets dans l’espace public parisien permet d’interroger ces apports. Certaines de ces pratiques habitantes sont inscrites dans les dynamiques urbaines. Elles s’apparentent à une consommation récréative sans lendemain, confirment une distension des liens territoriaux et une homogénéisation des rapports au monde. D’autres confortent l’hypothèse d’une réappropriation territoriale appuyée sur des ressources, des significations et des pratiques singulières. Ces liens territoriaux retrouvés portent en germe la redécouverte de singularités locales et la pérennité des dispositifs végétaux. Différentes figures de l’engagement territorial apparaissent alors. Ces figures invitent à interroger les outils et dispositifs participatifs destinés à recréer des liens à la nature pour appuyer la conservation de la biodiversité.
 

Jean-Louis Robert 

Les processus de changement dans un quartier parisien (XIXe-XXe siècle)

À partir de l’exemple d’un quartier périphérique parisien (Plaisance, quartier issu de l’annexion des communes périphériques en 1860), on montrera comment ce qui était une « banlieue verte » est devenu un quartier populaire, sans ou quasi sans diversité sociale. Ce processus s’est accompagné d’une densification extrême et de la raréfaction des espaces verts (un quartier sans square) qui restent présents cependant sous des formes complexes mi privées, mi sauvages. Cependant les habitants de ce quartier-faubourg sont généralement satisfaits de cette vie urbaine populaire. Malgré la taudisation de nombreux logements, ils lutteront dans les années 1960-1980 contre une rénovation qui prend la forme d’une destruction systématique, qui donne la priorité à l’automobile, qui évince progressivement les classes populaires et recompose des espaces verts désormais contrôlés.

Charlotte Salmon

Les GIEE, des vecteurs d’innovation, de partage et de formation pour le développement de nouvelles pratiques agricoles

La coopérative AGORA accompagne depuis deux ans des agriculteurs engagés en Agro-Ecologie sous la forme de collectifs reconnus par le Ministère de l’Agriculture : les Groupements d’Intérêt Economiques et Environnementaux. Ces nouvelles formes d’accompagnement permettent de mutualiser les expertises et expériences de nos agriculteurs, conseillers et partenaires afin de développer de nouveaux modèles agricoles sur nos territoires. Grâce à des méthodes et outils innovants, nos GIEE permettent l’expérimentation et le développement de nouvelles pratiques, alliant performances économiques et environnementales. La dimension collective de nos GIEE permet enfin de répondre aux besoins de cohésion et de communication des agriculteurs, dans un contexte où la demande sociétale pour une agriculture plus durable est de plus en plus importante.

Vincent Cailliez

Redéfinir le climat, un préalable nécessaire à la synergie entre diversité sociale et diversité écologique ?

Approcher une étoile à neutron, ou un trou noir, avec pour seul outil intellectuel la gravitation de Newton rend le réel de plus en plus inintelligible. Nous avons appris depuis environ un siècle qu’il faut généraliser le concept et passer à la gravitation d’Einstein. Mais nous n’avons pas encore compris que le Changement Climatique en cours nous a déjà entraîné dans un domaine "relativiste" qui fait que le maintien d’une définition statique du climat, à base de moyennes trentenaires toujours en vigueur, estompe fortement notre perception du phénomène. Cet estompement concerne aussi bien la position actuelle du climat (déjà décalée sensiblement) que sa vitesse d’évolution effective. Des exemples concrets, relatifs à la sylviculture et à la viticulture, permettent d’expliciter et d’apprécier les divergences d’approche en terme d’impact et de stratégie d’adaptation. La sévérité de ces divergences est telle qu’une tentative de consensus, ou de refus de prise en compte du réel, est vouée à l’échec et que la compréhension de ses causes est à la portée d’un public non-spécialisé. Le risque associé de ruptures écologiques et sociales est élevé